Chris Ware/ Rusty Brown
Rusty Brown est une articulation interractive tout en couleur de l’interrelation de trois consciences dans l’espace-temps, se déroulant sur la première moitié d’une seule journée banale Américaine, ainsi que leurs petits morçeaux de bravoures autour de laquelle ils gravitent. Dans un roman graphique dit »chorale », de l’enfance à la vieillesse, rien n’est laissé de côté dans ces histoires entremêlées où un enfant se réveille sans superpouvoir, un adolescent qui grandit sous l’égide d’un paternel despote, un père qui entrepose ses regrets dans une fiction se déroulant sur Mars et une Afro-américaine dans la cinquantaine à la recherche d’une seule et unique autre personne à qui donner son amour sur Terre.
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Après 18 ans de travail, Chris Ware donne naissance à un roman graphique assez volumineux. Après avoir écrit Jimmy Corrigan, Building Stories ou encore la série des Acme Novelty Librairy, l’auteur nous donne à voir enfin dans son intégral l’histoire de Rusty Brown, que nous avions déjà pu voir par fragments dans des épisodes passés de Acme Novelty.
Dans ce roman graphique regroupant plusieurs protagonistes, nous suivons bien évidemment le petit Rusty Brown mais aussi l’adolescent bully Jordan Lint (que nous avions déjà pu voir dans la bande-dessinée Lint il y a quelques années), le père de Rusty (écrivain de science-fiction ayant remporté un certain succès avec son roman d’horreur se déroulant sur Mars) et finalement Joanna Cole, l’institutrice de Rusty, passant ses temps libres à chercher dans les archives des journaux des traces d’une personne qui lui est très cher.
Malgré la grosseur du livre, l’histoire ne se déroule que sur un seul avant-midi d’une froide journée d’hiver. La capacité d’étirer le temps et de plonger dans les tréfonds de l’intimité de ses personnages fait partie de la vaste série de talent que possède l’auteur. Le quotidien, grâce à une multitude de vignettes se superposant sur le récit, prend tout son ampleur. Le travail de Ware n’est plus à présenter tant la qualité graphique de ses planches est à faire saliver. Tout est d’une précision d’horloger. Le récit en lui-même est très touchant. On plonge dans l’imagination du petit Rusty qui se croit doter un pouvoir spécial et qui semble développer une relation bien particulière avec Supergirl, sa poupée super-héroïne. Lint de son côté représente l’adolescent flemmard et prétentieux par excellence, subissant malgré lui les violences domestiques de son père malcommode et abusif. Le père de Rusty se trouve à être l’enseignant d’une classe où arrive une nouvelle étudiante venue d’Omaha, elle-même ayant un petit frère (Chalky White) qui se retrouve dans la même classe que Rusty. Joanna, de son côté, enseigne (notamment) à Rusty et Chalky. Tous les personnages sont connecté.es d’une manière ou d’une autre. Nous avons la chance de plonger dans leur tête de manière un peu cahoteuse (comme le fait l’imagination par la manière dont nous nous représentons des souvenirs) pour avoir accès à un peu plus de leur histoire sans quitter le récit principal. On assiste alors à des retours en arrière qui auront marqués les personnages et nous permettra d’en apprendre plus sur eux.elles.
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