"Gloomy Sunday", la chanson aux 200 suicides
L'une des plus étranges compositions jamais écrite s'intitule Gloomy Sunday
(sombre dimanche). Elle a été écrite en décembre 1932 par un
compositeur hongrois du nom de Seress Reszo. Ce dimanche-là était
pluvieux et Seress était déprimé parce que sa fiancée venait de rompre
leurs fiançailles.
Assis à regarder la pluie ce
soir-là, Seress écrivit Gloomy Sunday. Il découvrit bientôt qu'il était
difficile de publier la composition parce qu'on la trouvait bien trop
mélancolique pour les oreilles du public.
Avec le temps, la chanson gagna
une sinistre réputation. On pense que cette chanson causa une suicide
mania. La première fois qu'elle fut jouée, ce fut au printemps 1933. On
demanda à un jeune homme de Budapest de l'interpréter. Quand l'orchestre
eut fini de jouer, il rentra chez lui et se tua après s'être plaint à
ses amis qu'il se sentait très déprimé par la mélodie d'une nouvelle
chanson qu'il ne pouvait se sortir de la tête.
Une semaine plus tard dans la
même ville, une jeune femme assistante des ventes fut retrouvée pendue
dans son appartement. La police qui enquêta sur le suicide trouva une
copie de la partition de Gloomy Sunday dans la chambre de la jeune
femme.
À la fin des années trente, il y
avait de si nombreux rapports de suicides plus ou moins associés à la
composition que le gouvernement hongrois interdit l'interprétation de la
chanson en public. Beaucoup de musiciens accueillirent cette décision
avec soulagement, parce qu'ils avaient peur pour leur propre vie.
Les suicides ne se cantonnaient
pas à la Hongrie. Il semblerait que la chanson avait aussi un effet très
dépressif sur les gens d'autres pays.
À New York, une jeune secrétaire
se suicida par le gaz et dans sa lettre de suicide elle demandait que
Gloomy Sunday soit joué à ses funérailles.
Des semaines plus tard, un autre
new-yorkais âgé de 82 ans sauta par la fenêtre depuis son appartement du
17ème étage après avoir joué la chanson 'mortelle' sur son piano.
Environ à la même époque, un
adolescent de Rome qui avait entendu l'air qui porte la poisse se tua en
sautant d'un pont. Des journaux du monde entier parlèrent d'autres
morts associées à la chanson de Seress et plusieurs stations de radio
comme la BBC pensèrent sérieusement à arrêter de la jouer. Des stations
locales aux US refusèrent de la diffuser.
Gloomy Sunday n'apporta
à son compositeur aucune célébrité désirable. Au contraire, la
composition avait depuis le tout début de sa création quelque chose du
cauchemar. Son auteur, Reszo Seress se suicida en 1968, en sautant par
une fenêtre.
Le New York Times écrivit le 13 janvier 1968 :
''On vient d'apprendre que Reszo Seress, dont la chanson funèbre, Gloomy Sunday, a été accusée d'entraîner une vague de suicides durant les années trente, a terminé sa vie en se suicidant.Les autorités ont révélé aujourd'hui que M. Seress avait sauté de la fenêtre de son petit appartement dimanche dernier, peu avant son 69ème anniversaire.La décennie des années trente a été marquée par une sévère dépression économique et des bouleversements politiques qui ont conduit à la seconde guerre mondiale.La mélancolique chanson écrite par M. Seress, avec des paroles écrites par son ami, Ladisla Javor, un poète, déclare au moment culminant, ''Mon cœur et moi avons décidé d'en finir''. Elle a été accusée d'une forte augmentation de suicides, et les officiels de Hongrie l'ont finalement interdite.En Amérique, où Paul Robeson introduisit la version anglaise, certaines stations de radio et des nightclubs interdirent son interprétation. M. Seress se plaignait que le succès de Gloomy Sunday avait en réalité augmenté son malheur, parce qu'il savait qu'il ne pourrait jamais écrire un autre succès.''
La
femme qui avait rompu ses fiançailles avec Reszo Seress il y a des
années se suicida aussi. Près de son corps on trouva une carte sur
laquelle était écrite Gloomy Sunday.
On estime qu'environ 200
personnes se suicidèrent après avoir écouté cette composition. Quand la
seconde guerre mondiale éclata, les gens oublièrent cette terrible
chanson et aujourd'hui qui veut l'écouter le peut.
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