Uwe Boll


Il tabasse les journalistes sur un ring de boxe, réalise les pires adaptations de jeux vidéo et passe l’Histoire à la moulinette Z. Considéré comme le "pire réalisateur" de notre époque, Uwe Boll est en quête de respectabilité.

A chaque génération son Ed Wood. Celui des années 2000 nous provient de la vieille Allemagne, lointain cousin fauché de Roland Emmerich devenu le spécialiste des adaptations Z de licences de jeux vidéo : le fantasque Uwe Boll.
Objet de détestation violente dans les communautés de fanboys, le réalisateur de la franchise BloodRayne semblerait presque en voie de réhabilitation. Il est aujourd’hui le sujet d’un documentaire au titre programmatique : Raging Boll. Sa vie, son œuvre, ses "rêves" et ses critiques dans un film produit par Brighlight Pictures. 
Un documentaire objectif ?  
C’est Peter Hartlaub, critique au San Francisco Chronicle qui a relevé le premier la possible escroquerie : "Uwe Boll est un si mauvais réalisateur que cela doit forcément être intentionnel." Explications avec ce nouveau documentaire, Raging Boll, une "plongée vérité" dans l’œuvre du cinéaste découpée en confessions face-caméra, extraits de films et autres témoignages. La promotion du documentaire l’assure, aucune question, même la plus gênante, ne lui sera épargnée : on y parlera d’argent –comme souvent chez Uwe Boll–, de l’accueil critique de ses films, de ses prétentions artistiques…. 
Mais en y regardant d’un peu plus près, pas sûr que le film puisse revendiquer une totale objectivité. On retrouve au générique la société de production canadienne, Brightlight Pictures, qui a cofinancé la plupart des films d’Uwe Boll depuis House of the Dead (Alone in the DarkBloodRayne II: DeliveranceFar Cry…).
Pour réaliser ce Raging Boll, le cinéaste allemand (que l’on imagine facilement aux commandes de l’objet) s’est offert les services de l’illustre inconnu Dan Lee West, son ex-assistant sur Alone in the Dark etBloodRayne. Un casting qui discrédite un tout petit peu l’entreprise documentaire, mais qui prouve une nouvelle fois l’absolue maîtrise de la communication d’Uwe Boll.  
De Sega à Auschwitz  
Depuis qu’il s’est lancé dans les adaptations de jeux vidéo au début des années 2000 en achetant tous les droits disponibles pour réaliser des films à peu de frais, le réalisateur allemand a rôdé sa défense. Il a réussi à entretenir le doute sur ses véritables intentions, entre les déclarations de modestie (le cinéma comme simple commerce) et les provocations faciles (cf le bonus DVD d’Alone in the dark où il se compare à David Lynch). Il est pourtant devenu en moins de dix ans la bête noire d’Internet: IMDB a été contraint de supprimer les appels au crime contre le réalisateur sur sa page de référencement et une pétition visant à "stopper Uwe Boll" a recueilli en près de trois ans plus de 360 000 signatures.  
Pas suffisant pour décourager le cinéaste allemand, qui déclarait alors dans une interview vidéo qu’"un million de signatures" le ferait arrêter, rappelant au passage son "génie" en comparaison aux "films merdiques" de Michael Bay ou Eli Roth. Pour contrer la critique, Uwe Boll avait aussi eu cette idée assez drôle d’inviter les journalistes à se confronter à lui sur un ring de boxe.
Depuis Postal (de loin son meilleur film) le réalisateur a poussé un peu plus loin la provocation en livrant ses versions putassières de la guerre au Darfour (Darfur) et plus récemment du massacre d’Auschwitz.

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