Les VRAIS PEAKY BLINDERS

Peaky Blinders


Birmingham : entre pauvreté et violence

La fin du 19e siècle est synonyme de Révolution industrielle. C’est en effet durant l’époque victorienne que l’Angleterre se lance dans la production de masse, bousculant le mode de vie de bon nombre d’habitants. La classe ouvrière va alors se développer dans des conditions de vie très rudes. Travaux dangereux dans des lieux insalubres, maladies, pauvreté : l’urbanisation brutale modifie en profondeur la Grande-Bretagne. Afin de s’en sortir, beaucoup vont sombrer dans l’illégalité. Des gangs se constituent et mettent en place un marché noir, à l’image du trafic d’alcool. Évidemment, les groupes veulent tous asseoir leur domination, et n’hésitent pas à se battre pour gagner du terrain.

Labor Laws and the Industrial Revolution - Brewminate
Ouvriers dans une usine durant la Révolution industrielle. Crédit : brewminate.com

 

C’est dans ce contexte violent qu’un gang va prendre le pouvoir durant une trentaine d’années : les Cheapside Sloggers. En 1870, les « cogneurs de Cheapside » voient leur hégémonie s’accroître. Racket, vols, agressions et meurtres sont le pain quotidien des voyous. Mais ce monopole criminel va finir par provoquer des réactions. Plus question de se laisser marcher sur les pieds, il est temps de faire face.

L’émergence des Peaky Blinders

Le 9 avril 1890, un journal local fait mention d’une altercation entre un groupe de jeunes et un habitant. Les agresseurs sont identifiés comme les « Peaky Blinders de Small Heath ». Leur nom provient de leur couvre-chef singulier, que l’on pourrait traduire par « aveugleurs à visières ». La légende veut que ce sobriquet soit une référence aux lames cousues dans la casquette, qui permettaient aux gangsters de taillader le visage de leurs ennemis. Cependant, aucune preuve formelle ne peut confirmer cette version, et il semble plus probable que le terme de Peaky Blinders traduise simplement l’engouement porté aux casquettes à visière à l’époque. Le gang prit tellement d’ampleur, que son appellation finit par désigner les voyous de Birmingham, à la manière d’un mouvement !

Fort de son succès, le groupe criminel britannique est rentré dans la culture populaire. Les histoires des Peaky Blinders sont connues en Angleterre, et ont attiré l’attention de Steven Knight, réalisateur de la célèbre série télévisée. Il est amusant de noter que ce dernier partage un lien de parenté avec un ancien membre du gang !

Le premier épisode fut diffusé en 2013, et le moins que l’on puisse dire, c’est que de nombreuses libertés ont été prises durant la réalisation…

Une série qui s’appuie sur la fiction

En effet, le show britannique donne une toute autre image des Peaky Blinders. Car oui, il faut rappeler qu’avant d’être bien habillés et charismatiques, ce sont avant tout de violents criminels. L’abstraction des violences au profit d’une certaine classe s’observe souvent chez les mafieux, mais il ne faut pas se tromper. Ils n’ont rien des gentlemen qui ne s’adonnent qu’au mal nécessaire. Tout comme les Sloggers, les Peaky Blinders volaient et tuaient les plus faibles.

De plus, la chronologie fait défaut. La série ancre l’action en 1919. Pourtant, la domination du gang atteint son paroxysme à la fin du 19e siècle, avant la Première Guerre mondiale. Cela facilite la construction de la narration, et notamment du personnage de Thomas Shelby – interprété par Cillian Murphy – qui est assailli des souvenirs douloureux de son expérience militaire.

Image issue de la série Peaky Blinders
Thomas Shelby. Crédit : wallpaperaccess.com

Les Shelby n’ont d’ailleurs jamais existé. Pire encore, on ne connaît presque rien de l’organisation des Peaky Blinders. Des documents policiers nous révèle le nom de quelques membres, comme Harry FowlerErnest BaylesStephen McHickie ou encore Thomas Gilbert, mais les informations restent très minces (photo de couverture).

Les Peaky Blinders ont donc réellement existé. De petit gang contestataire opposé aux Sloggers, à criminels redoutés, le groupe de voyous a su se hisser au sommet. Cependant, il ne faut pas tout mélanger, puisque la série n’offre pas une fidèle représentation de l’histoire du gang britannique. Hormis les costumes trois pièces et les casquettes, les malfrats n’avaient rien de semblable à l’imaginaire créé par Steven Knight. Mais au vu de la qualité du programme, la fiction est loin d’être un facteur rédhibitoire.



                           

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