John Frum

 John Frum est le prophète d’un culte du cargo à Vanuatu. Ce culte étrange existe encore, et ressemble à une commémoration d’un Dieu américain, avec faux défilés de soldats armés de fusils en bambous et de peintures de guerres « USA ». Son origine est très discutée, notamment par ses fidèles qui lui refusent, bien sûr, le statut de Culte du Cargo.



Le culte du cargo est un ensemble de rites qui apparaissent essentiellement dans la première moitié du XXe siècle chez les Aborigènes, surtout en Océanie. C’est une réaction très étrange à la colonisation ou au passage de troupes occidentales pendant les guerres du Pacifique. En somme, il consiste, pour des indigènes, à prendre un « cargo » (« chargement » en anglais) pour une « entité divine » et à former un culte pour en demander les faveurs.
Ce fut – apparemment – le cas du « culte de John Frum ».
Le culte se focalise sur ce personnage mystérieux qui aurait annoncé l’arrivée glorieuse des Américains, capables d’apporter une abondance paradisiaque. Sa date de naissance fait débat, parfois le début du siècle, plus souvent les années 30, lorsque Vanuatu était encore connu sous le nom de Nouvelles-Hébrides. Dans la plupart des versions de l’histoire de John Frum, un indigène du nom de Manehivi, utilisant le nom « John Frum », commença à apparaître par intermittence auprès des villageois de Tanna, vêtu à l’occidentale et leur promettant une grande amélioration de leurs conditions de vie (santé, maison, nourriture, vêtements…), le départ des colons anglais et l’aube d’un nouvel âge à une seule condition… les gens de Tanna devaient rejeter tous les aspects de la société occidentale, de l’argent à l’éducation en passant par la religion catholique. Mais John Frum disparut, et avec lui, sa promesse.
Le message passa particulièrement bien et les gens de Tanna jetèrent leur argent à la mer, tuèrent leur bétail et donnèrent une grande fête en l’honneur de leur messie. Le mouvement continua de susciter un retour à la tradition et rencontra un grand succès avec le stationnement de plus de 300 000 soldats américains dans les environs, ce qui augmenta la richesse et le confort dans les îles par la constructions d’hôpitaux, de pistes de décollage, de ports et de routes… Le chef du culte à cette époque déclara que John Frum allait revenir par avion des Etats-Unis : ils construisirent une piste d’atterrissage en bambou, avec un tour de contrôle et des avions dans l’objectif d’attirer les avions.
C’est là que naît le culte du Cargo à proprement parler : la quantité incroyable de marchandises qui transitaient « comme par magie » sur les îles, sans que les indigènes ne puissent déterminer d’où venait l’abondant chargement. Après le départ des Américains, le mouvement se poursuivit et les fidèles de John bâtirent de pistes d’atterrissages symboliques pour encourager les Américains à revenir leur apporter des vivres et construisirent d’immenses croix rouges, copiées sur celles de la Croix Rouge pour commémorer leurs bienfaits.
Mais s’agit-il vraiment d’un culte du Cargo pour tout ceux qui, encore aujourd’hui, attendent le retour de l’abondance américaine et du prophète ? L’origine même du nom de leur prophète donne du grain à moudre à cette idée : selon plusieurs témoignages, « John Frum » a comme possible origine les paroles de soldats américains lors de la Seconde Guerre mondiale qui se seraient présentés aux indigènes comme « John from America ».
Aujourd’hui, le culte de John Frum a toujours son parti, mais ses fidèles sont cantonnés à l’île de Tanna et ne représentent que 10% des habitants du Vanuatu. Quand un reporter du Smithsonian leur demanda pourquoi ils continuaient d’attendre, alors que cela fait 60 ans que les Américains et John Frum sont partis, leur chef leur a répondu :
– Ca ne fait pas 2 000 ans que vous attendez ?

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