Petites insultes et autres gracieusetés
Angot (Christine)
«
Angot, c'est du vrac, du tas. Du tas de quoi? On ne sait pas trop,
conversations téléphoniques sans fin et sans sujet, détails dépourvus de
sens, confidences sexuelles, etc. C'est un peu l'esthétique du "Loft".
Et ça obtient le prix France Culture (il y a quelques années), ce qui en
dit long sur la haine de certains intellectuels envers l'esprit.»
Pierre Jourde
Balzac (Honoré de)
« Quel homme aurait été Balzac s'il eût su écrire !»
Gustave Flaubert
« C'est
le musée Dupuytren in-folio. C'est un beau champignon d'hôpital. C'est
Molière médecin. C'est Saint-Simon peuple. Il enlaidit la laideur.»
Hippolyte Taine
Banier (François-Marie)
« Obsédé
par l'ombre de Cocteau, désireux à la fois de lui ressembler et de ne
pas être lui. Il est surtout un dessin de Cocteau, qui n'était pas beau
lui-même mais créait la beauté. Banier se contente d'être pour l'instant
un personnage de Cocteau, quelque chose comme François l'imposteur...»
Matthieu Galey (Journal, 29 décembre 1970)
Baudelaire (Charles)
« Le saint Vincent de Paul des croûtes trouvées, une mouche à merde en fait d'art.»
Edmond et Jules de Goncurt
« Il avait en lui du prêtre, de la vieille femme et du cabotin. C'était surtout un cabotin.»
Jules Vallès
Beethoven (Ludwig van)
« Le génie peut évidemment se passer d'avoir du goût, exemple: Beethoven.»
Claude Debussy
Camus (Albert)
« Albert
Camus, croyant le flatter, aurait dit de François Mauriac qu'il était
le Dostoïevski de la Gironde, ce qui amena François Mauriac à le traiter
de Dostoïevski de rien du tout.»
Marcel Jouhandeau
Céline (Louis Destouches, dit Louis-Ferdinand)
« Ce Gaudissart de l'antisémitisme.
M.
Céline fait beaucoup penser à une dame qui aurait des difficultés
périodiques; ça lui fait mal au ventre, alors elle crie et elle accuse
son mari. La force de ses hurlements et la verdeur de son langage
amusent la première fois ; la deuxième fois, on bâille un peu; les fois
suivantes, on fiche le camp et on la laisse crier toute seule.»
Jean Renoir
Claudel (Paul)
« Ce vieillard avide se ruant à la Table Sainte pour y bâfrer des honneurs... Misère !»
Albert Camus
« Jeune, il avait l'air d'un clou ; il a l'air maintenant d'un marteau-pilon.»
André Gide
Druon (Maurice)
« J'éprouverais
plus de plaisir à relire la mauvaise littérature de Druon - vous avez
le choix: Les Grandes Familles, Les Rois maudits, etc. -, tout ce qui
est faisandé chez lui - ah ! mais surtout pas ses livres nobles, sur le
commandement, sur l'action, sur Alexandre. Quand il écrit en homme
vertueux, il essaie de me donner des leçons de morale: Druon est
illisible.»
Bernard Frank
Gide (André)
« Mort d'A.G. La moralité publique y gagne beaucoup et la littérature n'y perd pas grand-chose.»
Paul Claudel
Heidegger (Martin)
« Un
homme tout à fait dépourvu d'esprit, dénué de toute imagination, dénué
de toute sensibilité, un ruminant philosophique foncièrement allemand,
une vache philosophique continuellement pleine qui paissait sur la
philosophie allemande et qui, pendant des décennies, a lâché sur elle
ses bouses coquettes dans la Forêt-Noire.»
Thomas Bernhard
Houellebecq (Michel)
« Houellebecq lui-même me l'avait bien expliqué :
-
Si tu veux avoir des lecteurs, mets-toi à leur niveau! Fais de toi un
personnage aussi plat, flou, médiocre, moche et honteux que lui. C'est
le secret, Marc-Édouard. Toi, tu veux trop soulever le lecteur de terre,
l'emporter dans les cieux de ton fol amour de la vie et des hommes!...
Ça le complexe, ça l'humilie, et donc il te néglige, il te rejette, puis
il finit par te mépriser et te haïr...
Michel avait raison. Un best-seller a toujours raison.Roman à thèse + écriture plate + athéisme revendiqué + critique de son temps (mais pas trop) + culture rock-pop + défense du capitalisme + attaque des Arabes = succès garanti.»
Marc-Édouard Nabe
Lévy (Bernard-Henri)
« Tout,
chez toi, est imaginaire. Le supposé ex-gauchiste, première hypostase,
ce personnage de révolutionnaire d'opérette que tu t'es inventé
rétrospectivement de toutes pièces [...]. Ta seconde hypostase est aussi
incertaine, falote. Le néo-philosophe concocté sous Giscard pour
rallier la droite s'est retrouvé socialo sous Mitterrand. La troisième,
l'artiste insondable au regard hanté, le Radiguet trop vieux, le
romancier truqueur, a la même indécision, la même artificialité.»
Guy Hocquenghem
Lindon (Jérôme)
« Ils
ont emmerdé toute une génération: la mienne. Butor, Robbe-Grillet,
Duras, Pinget, Simon, quels coups de barbe! Et il fallait admirer ça!...
Heureusement, ils vieillirent. Minuit essaya tant bien que mal
d'assurer la relève. Mais bernique. Un coup pareil ça se refait pas. La
seconde vague fut aussi chiante que la première, plus dispersée, plus
merdique. Pauvres Ricardou, Duvert, Hyvrard, Savitzkaya, Wittig, vous
êtes déjà oubliés... Minuit incarnait tout ce que nous pouvions haïr, le
toc d'une époque morose, l'ennui d'un pays qui allait accoucher de
kilomètres d'autoroutes.»
Raphaël Sorin
Littell (Jonathan)
«
Littell est le seul écrivain réellement génocidaire de notre époque. Il
a mis en œuvre une solution finale romanesque pour détruire les
écrivains, les éditeurs, les journalistes, les libraires et même les
lecteurs. [...] Le public n'a plus qu'à obéir à ce nazisme "soft" qu'est
le spectacle médiatique à outrance, construit de façon peut-être encore
plus perverse que celui du Führer. Il ne manquait plus à la dictature
spectaculaire qu'un Mein Kampf obligatoire, que tout le monde doit posséder chez soi, pour potasser le programme...»
Marc-Édouard Nabe
Madonna
« Méfiante,
rusée, pas soignée, une raie noire barrant sa chevelure blonde comme il
arrive aux brunes quand les cheveux décolorés ont recommencé à pousser.
Drôle de bonne femme, cette déesse du sexe, exhibitionniste, mais
close, dure comme du ciment armé, riche comme Crésus, montrant ses seins
comme on montre ses dents, même pas perverse quoi qu'elle en ait...»
Françoise Giroud
Mallarmé (Stéphane)
« Mallarmé, intraduisible, même en français.»
Jules Renard
Malraux (André)
«
Je vois que Malraux est ministre. C'est un méchant bougre. Avec un
petit talent journalistique d'ailleurs assez cafouilleux et gauche il a
fait les Conquérants qui étaient bien réussis - depuis peau de
lapin - que des ratés - mais quelle presse et quel cabotinage - et quel
impérieux pitre ! en colonel, en explorateur, en Penseur - maintenant en
ministre! Ajalbert l'a vu dans un autre personnage, en voleur avec
menottes entre deux gendarmes à Saïgon [...] C'est un mythomane bluffeur
féroce - envieux au délire [...] un petit fifre littéraire qui joue les
orchestres - les Pascals, les Bakounine.»
Louis-Ferdinand Céline
Nabe (Alain Zannini, dit Marc-Édouard)
« Un
ami m'a joué un sale tour : il m'a envoyé une photocopie des pages du
Journal de Nabe. J'ai passé une nuit blanche avec l'envie de vomir. Je
ne devrais pas parler de cette raclure de bidet, il pourrait s'en servir
pour faire sa pub, mais je suis ahuri qu'un éditeur paye ce type pour
écrire ça...»
Michel Polac
Nothomb (Amélie)
« Gothique et rebelle, - jusque dans sa prose plus ogivale que clitoridienne.La Mylène Farmer du roman de gare.»
Pierre-Emmanuel Prouvost d'Agostino
Onfray (Michel)
«... Une philosophie de maître nageur vexé...»
Michel Crépu
Poivre D'Arvor (Patrick)
« Les Enfants de l'aube nous
conte l'histoire d'un adolescent leucémique qui rencontre dans un
hôpital à leucémiques une jeune Anglaise leucémique. Dans un style
leucémique également, l'auteur nous conte la passion brûlante et
désespérée de deux êtres fragiles mais tremblants d'amour qui vont vers
leur destin, la main dans la main et la zigounette dans le
pilou-pilou... Je rappelle le titre : Les Enfants de l'aube,
par Patrick Poivre d'Arvor, chez Jean-Claude Lattès. Deux cent trois
pages de romantisme décapant pour le prix d'un kilo de débouche-évier.»
Pierre Desproges
Proust (Marcel)
« Un poète persan dans une loge de concierge.»
Maurice Barrès cité par Walter Benjamin
« Comme
ces médecins qui s'inoculent un virus pour l'analyser librement, il
semble s'être inoculé le snobisme afin de mieux pouvoir le décrire.
On peut déplorer qu'il lui ait accordé dans son oeuvre une place si importante...»
François Mauriac
« La magnifique intelligence de Proust s'est surtout plu à peindre la bêtise. Ce qui fatigue à la longue.»
Jean Cocteau
Roudinesco (Élisabeth)
« Il
est impossible de faire un pas dans le secteur freudien sans tomber sur
Mme Roudinesco. Elle est la surveillante générale qui vous alpague du
fond du couloir. Vous pensiez avoir la paix, travailler tranquille, mais
non, elle vous demande ce que vous faites là.»
Michel Crépu
Rousseau (Jean-Jacques)
« Et le roman de Jean-Jacques ! [La Nouvelle Héloïse]
À mon gré il est sot, bourgeois, impudent, ennuyeux, mais il y a un
morceau admirable sur le suicide qui donne appétit de mourir.»
Voltaire
Sand (Aurore Dupin, dite George)
« Je
ne puis penser à cette stupide créature sans un certain frémissement
d'horreur. Si je la rencontrais, je ne pourrais m'empêcher de lui jeter
un bénitier à la tête.»
Charles Baudelaire
Voltaire (François Marie Arouet, dit)
« Maintenant,
je vous donne une nouvelle que vous aurez peut-être déjà sue : l'impie,
le maître fourbe Voltaire est crevé, autant dire comme un chien, comme
une brute... Voilà ses gages !»
Mozart
« Voltaire est un bas coquin, d'autant plus dangereux qu'il eut assez d'adresse pour se faire passer pour philosophe.»
Stendhal
« Voltaire était le roi de son siècle parce qu'il savait rire - tout son génie n'était que cela; c'était tout.»
Gustave Flaubert
« L'imbécile et dégoûtant Voltaire, pareil à un grand vieux singe pisseur.»
Paul Claudel
Zola (Émile)
« Tant qu'il n'aura pas dépeint complètement un pot de chambre plein, il n'aura rien fait.»
Victor Hugo (cité par Léon Daudet)
« Monsieur Zola est résolu à montrer que s'il n'a pas de génie il peut au moins être lourd.»
Oscar Wilde
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