Adolf Hitler Dead Or Alive - Watch Movies Online (Full Length)





"Hitler, Dead or Alive" de Nick Grinde (1942).





                           


Nick Grinde, pionnier du programme parallèle entre dans la carrière dès les années 1920, signe une quarantaine de titres dont aucun ne passe à la postérité. Les biographies portent néanmoins à son crédit l'écriture d'un scénario de film interprété par Laurel et Hardy (Il était une bergère, 1934) et la direction de la seconde équipe des deux premiers Tarzan (1932 et 1934). Mais aussi l'emploi de Ronald Reagan dans son premier film comme acteur, dans le polar Love Is on the Air (1937), ou encore celui de Boris Karloff à plusieurs reprises, parmi lesquellesThe Man They Could Not Hang (1939), énième variation autour du Frankensteinde James Whale.



Il faut donc s'appeler Quentin Tarantino pour attirer l'attention générale sur cet hyper-navet et le désigner fièrement comme une source d'inspiration, ainsi qu'il le fit dans les colonnes du magazine Playboy daté du 3 décembre 2012. Où l'on peutlire ceci : "Quand je préparais Inglourious Basterds, j'ai pensé à ce film réalisé en 1942, Hitler, Dead or Alive. Les Etats-Unis venaient d'entrer en guerre. Un mec fortuné met la tête d'Hitler à prix pour un million de dollars. Trois gangsters ont un plan. Ils sont parachutés sur Berlin et remontent jusqu'à Hitler. (...) Ils le chopent, et quand ils lui font cracher ses boyaux, c'est vraiment un moment agréable. Ils rasent sa moustache, coupent sa mèche et le dessapent, de sorte qu'il a l'air d'un mec normal. Les nazis se pointent, et Hitler, qui n'a plus l'air d'Hitler, proteste, genre : "Oh, les gars, c'est moi !" Et ils lui font cracher ses boyaux. C'est juste dément."
UN FILM MIS EN SCÈNE AVEC LES PIEDS
Maître Quentin s'étant efficacement chargé du pitch, il ne reste que peu de choses à dire de cette piteuse farce guerrière. Tout le monde aura compris que, dans la hiérarchie des films américains contribuant à l'effort de guerre, Hitler, Dead or Alive occupe une position subalterne si l'on songe à quelques chefs-d'oeuvre comme Le Dictateur, de Charlie Chaplin (1940), Chasse à l'homme, de Fritz Lang (1941), Casablanca (1942), de Michael Curtiz, ou To Be or Not to Be (1942), d'Ernst Lubitsch.
Et le nanar de Nick Grinde n'est d'ailleurs pas le seul dans son genre. Il n'est qu'àvoir The Strange Death of Adolf Hitler (1943), de James P. Hogan (un employé viennois, capturé par la Gestapo, est opéré pour servir de doublure au Führer), ouThe Devil with Hitler (1942), de Gordon Douglas (patchwork où l'on découvre Hitler en peintre en bâtiment), pour s'en convaincre. Autant de films dans lesquels l'acteur Bobby Watson, malheureux champion américain du rôle avec une dizaine d'occurrences, interprète le dictateur.
Deux mots, tout de même, sur Hitler, Dead or Alive. Certes, le film est mis en scène avec les pieds. Certes, il abuse du carton-pâte et des maquettes. Certes, les nazis y parlent couramment l'anglais. Certes, ses acteurs, talentueux par ailleurs, y sont absolument catastrophiques, Ward Bond en tête dans le rôle du leader fier-à-bras. Certes, le camp de Dachau ressemble à une colonie de vacances. Certes, le personnage d'Hitler est dans l'obligation de réciter un discours-fleuve antiaméricain alors qu'il inaugure une soirée dansante. Mais l'idée du kidnapping du Führer, du rasage de la moustache et de la mèche, puis de son passage par les armes vu que ses propres hommes le prennent pour un simple quidam, cela est effectivement pas mal vu du tout.
C'est ce passage, le plus savoureux du film, qui a inspiré à Tarantino son bataillon de scalpeurs antinazis. Mais il y a, au-delà de cet emprunt, une relation assez troublante à tisser avec d'autres oeuvres, cinématographiques ou théoriques, qui assignent à la moustache comme postiche une place prépondérante dans la représentation du nazisme. Le Dictateur et To Be or Not to Be, bien sûr, mais aussi le texte célèbre d'André Bazin intitulé "Pastiche et postiche, ou le néant pour une moustache" (publié dans la revue Esprit en 1945), qui en tire les conséquences philosophiques et morales. L'affront d'un cambriolage ontologique (le vol de la moustache de Charlot par Hitler) vengé par l'anéantissement du coupable (Chaplin, devenu barbier, se venge en faisant du dictateur une baudruche).

Commentaires

Articles les plus consultés