Le Troisième Reich, précurseur de la lutte anti-tabac



Pour l’anecdote : ce sont les nazis qui ont lancé la première campagne anti-tabac mondiale. Mais, bien entendu, ils avaient d’autres raisons pour imposer une interdiction de fumer dans des lieux publics que les États européens d’aujourd’hui.



les nazis menèrent une guerre contre le tabac et l’alcool. Quand l’ordre doit régner pour le bien de la production nationale, fumer et boire deviennent inutiles. Quelques années après l’arrivée
d’Hitler (ancien fumeur) au pouvoir, le tabac fût interdit dans les trains, les bus, les hôpitaux et certaines grandes entreprises.
 Le soi-disant «tabagisme passif» fût inventé par les nazis en 1939, par Fritz Linckint.
Dans la conception du monde nazi, le tabac était un poison génétique; une
cause de stérilité, de de cancers, de crises cardiaques ; une saignée dans les ressources nationales et une menace pour la santé publique. Le parti nazi lança une importante campagne anti-tabac qui comprenait une éducation sanitaire du public à une large échelle, des interdictions de certaines formes de publicité et des interdictions de fumer dans de nombreux espaces publics.
Les mesures agressives prises dans cette direction allaient de pair avec l’insistance plus large du régime sur la nécessité d’une « direction sanitaire »
Exercée par les médecins (Gesundheitsführung), comprenant à la fois les mesures sanitaires préventives et la primauté du bien public sur les libertés individuelles – le soi-disant devoir d’être en bonne santé (Gesundheitspflicht).
Dans son ouvrage publié en 1924 et intitulé “Die rauchende Frau” (ndlr : la femme fumeuse), Robert Hofstätter, gynécologue viennois misogyne, attribua des dizaines de maladies féminines – notamment les crampes menstruelles,l’atrophie utérine et le dysfonctionnement ovarien – à l’action de l’herbe diabolique et en appela à la reconversion des champs de tabac en vergers et potagers. ”
“Les hygiénistes raciaux s’opposaient au tabac par crainte d’une corruption du plasma germinatif allemand, les hygiénistes industriels s’y opposaient parce qu’ils redoutaient une réduction de la capacité de travail. Les infirmières et les accoucheuses pensaient qu’il avait des effets néfastes sur l’« organisme maternel. » On accusait le tabac d’être « une force corruptrice dans une civilisation décadente devenue paresseuse », une cause d’impuissance chez les hommes et de frigidité chez les femmes. La rhétorique de la période nazie contre le tabac s’inspirait de la rhétorique eugéniste d’une génération antérieure, à laquelle s’ajoutait une éthique de la pureté corporelle et de la
performance au travail. On qualifiait le tabac d’« épidémie », de « fléau »,d’« ivrognerie sèche » et de « masturbation des poumons. »
“On ne sait pas s’il arriva que des personnes dépendantes du tabac fussent incarcérées du fait de leur dépendance, mais on sait en revanche que le sort s’acharna sur des personnes dépendantes d’autres substances. En 1941; le chef de la santé du Reich, Leonardo Conti, ordonna la création d’un bureau chargé d’enregistrer les personnes dépendantes et de combattre la dépendance ; on établit des registres semblables pour les alcooliques, les sans domicile fixe, etc. Il est possible que cette démarche ait inquiété les fumeurs, étant donné que l’on considérait souvent l’usage du tabac comme une «première étape » vers l’abus de substances plus fortes comme la morphine et la cocaïne. L’Allemagne nazie était très sévère à l’égard des trafiquants de drogue : un rapport de 1938 élaboré par les responsables américains des narcotiques faisait l’éloge du régime nazi pour avoir jeté un célèbre vendeur de drogue autrichien dans un camp d’internement « dans lequel il restera sans doute toute sa vie. »”
“Armées de l’expertise scientifique et du pouvoir politique requis, les autorités nazies limitèrent la consommation de tabac en utilisant une combinaison de propagande, de relations publiques et de décrets officiels. Le ministre de la Science et de l’Éducation ordonna que l’on discute des dangers du tabac dans les écoles primaires et l’Office de la santé du Reich publia des pamphlets pour conseiller aux jeunes de ne pas fumer. ”
[...]
“À la fin des années 1930 et au début des années 1940, les activistes anti-tabac réclamèrent l’augmentation des taxes sur le tabac, des interdictions dans le domaine de la publicité ainsi que des interdictions des distributeurs automatiques sans surveillance, et des ventes de tabac aux jeunes et aux femmes durant leur période de fécondité. Les activistes réclamèrent l’interdiction de fumer au volant et sur les lieux de travail, ainsi que la création de centres d’assistance en matière de tabac. ”
On créa des centres d’assistance dans lesquels les « malades du tabac »
(Tabakkranke) pouvaient venir chercher de l’aide – à la fin des années 1930 il existait des dizaines de centres de ce genre.
On ouvrit des restaurants et des sanatoriums sans tabac, souvent avec le soutien financier de la Ligue allemande contre le tabac. ”
“Les sanctions légales apparurent en 1938. Cette année, la Luftwaffe (ndlr : l’armée de l’air) décréta une interdiction de fumer sur ses propriétés et la Poste en fit de même. Des interdictions de fumer apparurent sur de nombreux lieux de travail, dans les administrations publiques, des hôpitaux et des maisons de repos, et on ordonna aux sages-femmes de ne pas fumer pendant leur service. On conçut des voitures « non-fumeur » dans tous les trains allemands avec une amende de deux Reichs-Marks pour les contrevenants. ”
[...]
“L’activisme anti-tabac culmina durant les septième et huitième années du pouvoir nazi, encouragé par le succès des premières campagnes militaires et la reconnaissance du fait que le rationnement pouvait fournir une excuse acceptable pour demander un effort plus intense en vue de réduire la consommation de tabac. ”
“Le directeur de l’Institut de physiologie du travail de Dortmund soutint que le tabac devrait être totalement interdit sur les lieux de travail en raison des dangers du « tabagisme passif. » Le plus important journal médical d’Allemagne fit un récit détaillé de la conférence et Hitler envoya un télégramme souhaitant à l’assemblée « bonne chance dans votre travail consistant à libérer l’humanité de l’un de ses plus dangereux poisons. »”
[...]
“Astel était le chef de l’Office des affaires raciales de Thuringe ainsi qu’un
hygiéniste racial (il avait adhéré au parti nazi en juillet 1930). Il contribua à organiser le renvoi des juifs des postes universitaires. Astel était aussi un militant anti-tabac et ne buvait jamais d’alcool ; il qualifia l’opposition au tabac de « devoir national-socialiste. »
[...]
Selon lui, il fallait combattre le tabac « cigare par cigare, cigarette par cigarette et paquet par paquet».”
“Les hygiénistes industriels exerçaient aussi des pressions parce qu’ils s’inquiétaient de la perte de main-d’œuvre allemande occasionnée par le tabac. À la fin des années 1930, les personnes qui s’absentaient de leur travail pendant plus de quatre semaines à cause de « problèmes gastriques liés à la cigarette» (en particulier les gastrites et les ulcères) devaient se faire examiner dans un hôpital; les récidivistes – les personnes qui ne parvenaient pas à arrêter de fumer – pouvaient être confiés à une clinique de sevrage de la nicotine. »”
[...]
“On disait que les femmes juives et communistes étaient particulièrement susceptibles de fumer et de transmettre leur habitude répugnante aux autres.
Les journaux d’hygiène raciale montraient des femmes décadentes avec des cigarettes pendant à leurs lèvres.”
La presse a parlé de ce livre :
L’Express.fr
Critique
La guerre des Nazis contre le cancer
Par Alain Rubens (Lire), publié le 01/10/2001
On croyait tout connaître de la médecine nazie. Des atrocités en tout genre. Les greffes infectieuses, les injections mortelles de virus. Robert N. Proctor, historien des sciences américain, démontre qu’en matière de lutte contre le cancer le corps médical fut à la pointe, dans toute l’Europe. Campagnes antitabac, alimentation saine, chasse aux colorants et à l’amiante; aucun effort ne fut épargné pour assurer la santé au peuple.
Les nazis furent même les premiers à interdire la vivisection et à protéger l’environnement. Et tout cela, aussi, par idéologie.
@lulu : toutes mes excuses ! Mais si j’ai refait plusieurs fois la question, cela vient de fautes de frappe, de présentation et de petits oublis.
PETITES CORRECTIONS DU LIVRE :
L’Historien Robert N. Proctor a malgré tout mis quelques erreurs dans son livre :
1) Il dit que les Juifs furent exclus en tant que professeurs de l’Université en 1938, ce qui est faux car :
Le 7 avril 1933 : Loi sur le « rétablissement du système des fonctionnaires de profession » : * Légalisation de l’élimination des juifs de la fonction publique dont les professeurs d’Université.
2) Il dit que la lutte très active des nazis contre le tabac a été un échec auprès de la population allemande, ce qui est faux !
Car déjà, quand des démocraties font des lois et décrets contre le tabac depuis le début des années 90, la consommation de tabac a baissée alors, avec le régime nazi ou le combat contre le tabac fut bien forte et surtout radicale, la consommation de tabac avait fortement baissé !
3) Il dit que en 1932, que la France et l’Allemagne était à égalité pour la consommation de tabac à 570 cigarettes par individu.
Alors que en 1939, que la France fumait 670 cigarettes par individu et que la consommation de tabac aurait augmentait en Allemagne fumant 900 cigarettes par individu.
Ce qui est faux ! Déjà, l’Allemagne des années 20 était plus sportive que la France et surtout n’oublions pas le naturisme crée en 1910 en Allemagne.
Puis, avec l’arrivée au pouvoir du nazisme ou le sport fut très développé et l’Allemagne devint un pays hautement sportif, ce qui contredit les dires de Robert N. Proctor.
Aussi, que déjà par des démocraties, que la lutte contre le tabac par des lois et décrets à fini par porter ses fruits ou la consommation de tabac a baissé en France alors ne parlons pas d’un régime totalitaire comme le nazisme ou la lutte contre le tabac fut acharnée et radicale par des lois et décrets mais aussi des interdits et des sanctions. Et il bien évident, que la consommation de tabac en Allemagne nazi avait bien baissée.
A noter : la couverture du livre a pour illustration venant des Archives Allemandes
Source magazine: ” Auf Wacht ” ( Sur ses gardes ) 1941

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