Thomas Bernhard
La scène se passe à Vienne, en 1967, dans la salle protocolaire du ministère de la Culture. Thomas Bernhard a 36 ans. Pour son premier roman, « Gel », il reçoit le prix d'Etat autrichien de la littérature. Il n'est guère enthousiaste. Les lauréats précédents, tous des « trous du cul », ont dévalorisé, à ses yeux, cette récompense décernée par des « nullards » et des « salopards ». Seuls les 25.000 schillings justifient, selon lui, qu'il se rende à la cérémonie.
Le ministre fait une allocution sur le récipiendaire où tout est faux, lui prêtant même un livre qu'il n'a jamais écrit, et insiste bien sur le fait qu'il est né en Hollande. Bernhard prononce à son tour un bref et laconique discours : « Nous sommes Autrichiens, nous sommes apathiques... » Furibard, le ministre se lève, menace de lui casser la gueule, et quitte la salle avec son cortège d'apparatchiks. Le lendemain, un journal compare l'écrivain à une « punaise qu'il faut exterminer ».
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimer