Lux Aeternaest
l’une des merveilles dont l’underground français était parfois capable
au cours des années 60, un disque sorti sans tambour ni trompettes par
un artiste alors méconnu, bourré de talent et apprécié du circuit, mais
visiblement pas assez sexy ou yéyé pour décrocher la timbale.
William Sheller
aux commandes d’un album presque entièrement instrumental ? Ça pourrait
ressembler à une erreur de jeunesse peu reluisante, et pourtant un tel
mariage est on ne peut plus logique. D’abord parce que
l’auteur-compositeur français, derrière ses tubes (Un homme heureux,Dans un vieux rock’n’roll) adorés aussi bien par de vieilles dames aux permanentes mauves que par une nouvelle génération pop (Oh! J’cours tout seul
par Jupiter), a toujours eu pour soubassement une science des
arrangements sophistiqués, un goût des mélodies subtiles et bien
ficelées, bref, une fibre d’orchestrateur à peine voilée. Et puis parce
qu’il n’a jamais non plus été un chanteur pur jus. C’est uniquement
après avoir travaillé aux arrangements deLa Louvede Barbara (qui avait fait appel à lui après avoir entendu Lux Aeterna, vous suivez ?) que la dame en noir va lui conseiller d’utiliser sa voix et révéler son ambition de storyteller. «Mais vous n'y pensez pas, je n'ai pas de voix !», lui avait alors rétorqué Sheller. «Qu'est-ce que ça peut faire, répondit Barbara, moi non plus je n'ai pas de voix...»Si Lux Aeterna (en latin, «lumière éternelle») et La Louve
ont été publiés quasi en même temps, 1972 et 1973, l’album de Sheller a
lui été composé et enregistré en 1969. À cette époque, le gus travaille
en parallèle aux arrangements du premier et unique album du Popera
Cosmic,Les Esclaves,
un disque de pop orchestrale empruntant ses codes aussi bien rock qu’au
funk, mais se basant essentiellement sur un concept assez fou. Pour le
comprendre, le mieux est encore de laisser la parole à ceux qui l’ont
mis au point : «Le Dieu-Héros (qui est la réincarnation de plusieurs
Dieux et héros de tous les temps) en a assez de voir l’Olympe rabaissé
au rang de vulgaire club de vacances, et convoque autour de lui tous les
dieux reconvertis à la vie moderne : il leur faut de l’argent, beaucoup
d’argent pour retrouver leur prestige perdu». Ça, c’est ce que l’on peut lire à l’arrière de la pochette, et, disons-le tout net, c’est clairement perché.
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