Anouschka
est une jeune punk. Elle quitte un copain dans la rue, mais, en se
retournant, se fait bousculer par un homme d'affaires pressé. Il
s'arrête, regarde cette jeune fille et en tombe tout de suite amoureux.
Pour parvenir à se faire aimer d'elle, il devra réaliser ses rêves :
devenir une rock-star.
Le film a été réalisé par Philippe
Puicouyoul qui est aujourd'hui connu pour son travail dans l'art vidéo.
Il travaille souvent en partenariat avec le centre Pompidou.
Passons
sur l'histoire dont le dynamisme repose sur la confrontation de deux
milieux totalement opposés : l'attitude punk et l'aspect marginal, hors
du système qui y est associé, et le monde des affaires, extrêmement
cadré, que ce soit dans les tenues ou les dialogues, et profondément
ancré dans le système. L'i ntérêt
du métrage réside essentiellement dans sa valeur documentaire.
L'esthétique du film est plutôt à relier au clip, dans une moindre
mesure à une forme d'art vidéo plus qu'à une vraie œuvre
cinématographique. Sur les cinquante minutes du film, plus des trois
quarts sont entièrement musicales et de ce fait ne permettent pas de
mieux développer l'histoire entre les deux personnages. Les groupes
présents sont plus ou moins connus, parmi eux les Dogs, Go Go Pigalles,
Marquis de Sade ou encore Les privés, sans qui le film n'aurait jamais
pu voir le jour puisque ce sont eux qui jouent la formation qui doit
faire d'Anoushka une rock star. Les morceaux musicaux font partie
intégrante du film et permettent vraiment de se (re)plonger dans
l'ambiance de l'époque. Qui dit ambiance dit
aussi les looks, les phénomènes de bandes, le côté fauché du mouvement
qui est révélé et dans lequel l'homme d'affaires a d'ailleurs beaucoup
de mal à s'intégrer.
Les deux personnages principaux ne sont pas
vraiment sympathiques. La jeune punk profite de l'attention puérile que
lui porte l'homme d'affaires pour lui soutirer de l'argent et par
extension de l'aide, tandis que lui semble très naïf dans sa capacité à
se faire avoir. Quoi qu'il s'agit peut-être de l'ironie du sort vers
lequel le film semble tendre : c'est un homme d'amour en argent mais pas
un homme d'affaire en amour. Il se laisse berner.
Si le résultat
final laisse à désirer sur un plan cinématographique, la mise en scène
n'est pas pour autant inintéressante. En fait, elle est en accord avec
l'esprit punk .
Les angles choisis, les cadrages de travers, les effets de décadrage,
les zooms et dézooms inutiles, tout ce qui empêche le film de devenir
vraiment intéressant, le sert en affirmant une identité propre et non
consensuelle. Le manque de budget total se fait sentir à tous les
instants et apporte une dimension réaliste non négligeable. La qualité
de l'image en elle même, parfois instable ou d'aspect crasseux, en
témoigne, et fait un peu partie de cette vision de la culture punk. Le
contraste est d'autant plus fort que le vulgaire est sans cesse
confronté aux règles de la société de l'homme d'affaires. Dans la
meilleure scène du film, Anoushka débarque au bureau de son amoureux
sous les yeux outragés de la secrétaire avec une jupe extra courte et
explique ce qu'elle veut obtenir. Comme dans une dimension parallèle
issue de l'imagination, les musiciens entourent le bureau et jouent une
chanson. Les changements de plan laissent toujours place à des effets de
rapprochement ou d'éloignement. L'impression d'instabilité qui émane à
la fois de la dimension du rêve et de l'essence de la culture punk se
rejoignent pour gangrener symboliquement le monde des affaires.
Relativement
court, LA BRUNE ET MOI est le symbole d'une époque révolue. Il ne
faudra pas chercher dans le film un chef d'œuvre méconnu mais un
document essentiel et unique, sorte de vestige filmique du mouvement
punk-new wave français. En cela, le film prend tout son intérêt, sans
compter la présence de tous ces groupes qui, quand on aime ce genre de
musique, font plaisir à voir et à entendre.
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