Agnes Varda /Salut Les Cubains
Salut Les Cubains from Ichi Raramuri on Vimeo.
“Salut les Cubains” est un court-métrage français écrit et réalisé par Agnès Varda et sorti en 1963, d’après des photographies prises entre décembre 1962 et janvier 1963, soit quatre ans après la Révolution cubaine.
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« “Salut les Cubains” [...] est un hommage à Cuba. J’avais été invitée là-bas par l’ICAIC, l’Institut du cinéma cubain. J’avais emmené un Leica, de la pellicule et un pied car j’avais un projet derrière la tête.
J’ai vraiment trouvé les Cubains extraordinaires et les formes de leur socialisme surprenantes et joyeuses. Ce sont les seuls socialistes latins. Quand je suis à Moscou, je me sens d’une autre race que les Soviétiques, il me faut d’abord comprendre. À Cuba, les choses m’ont été plus faciles, je pouvais me sentir cubaine et ensuite comprendre. Et puis j’ai beaucoup ri. Le folklore de leur révolution, le rythme de la vie, la chaleur…
J’ai ramené 2 500 photos, j’ai mis six mois à en monter 1500, mais j’ai été récompensée : à Cuba, ils disent que c’est un film cubain, qu’il a la « sabor ». »
Agnès Varda in « Les Cahiers du Cinéma », n°165, avril 1965.
“Salut les cubains” est un exercice de montage effectué à partir de plus d’un millier de photos prises par Agnès Varda en 1963 à Cuba. On pense bien sûr à Chris Marker qui s’est souvent livré à l’exercice du film-photo avec Si j’avais quatre dromadaires en 1966 et surtout La jetée en 1962, donc un an avant qu’Agnès Varda ne parte à Cuba. Cuba où Chris Marker a d’ailleurs déjà tourné ¡Cuba Sí! en 1961. On le voit, tout est lié. Faire du cinéma à partir de photos c’est aussi revenir aux origines du cinéma et à son invention puisque le cinéma n’est qu’une suite d’images fixes qui s’animent au rythme de 12 à 24 images par seconde. Le film commence par des images animées tournées à Saint-Germain des Prés avec des musiciens cubains. Par contre dès la fin du générique nous basculons dans le système de la photo (images fixes) avec un commentaire (bien mais trop didactique et lu par Michel Piccoli et Agnès Varda). La cinéaste-photographe maîtrise bien son sujet mais a du mal à se sortir du piège de l’album-photo. Les photos défilent trop vite pour être autre chose que des clichés ou illustrer un bon mot du commentaire, ce dernier étant d’ailleurs un peu trop pro-cubain, c’est à dire sans jugement critique. L’ensemble est plaisant et bon enfant mais manque un peu de profondeur. Le film a vieilli du fait de la vision idyllique qu’il donne de Fidel Castro et du socialisme cubain. Même le système des photos fixes n’apporte pas grand chose, tournant parfois à l’effet vidéo-clip lors de scènes musicales. Malgré toute la sympathie que j’ai pour Agnès Varda, force est de constater que ce n’est pas, loin de là, un de ses meilleurs documentaires. Tout n’est pas à jeter pourtant dans ce petit film sympathique et on retiendra son rythme, son optimisme, sa légèreté et son brio technique. Et puis on y découvre et apprend beaucoup de choses, comme cette danse, héritière de la contredanse française, pratiquée en bas blancs par des descendants d’esclaves, ou encore cette rencontre avec le jardinier d’Hemingway. Comme à son habitude Agnès Varda nous instruit sans nous ennuyer, piquant notre curiosité et préférant la petite histoire à la grande, évitant ainsi le film de pure propagande.
Mujokan
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