Le Corbusier . Le Plan Voisin 1925







Trois grands projets non réalisés de Le... par fonds-ancien

Le Plan Voisin est une solution pour le centre de Paris, dessinée entre 1922 et 1925 par Le Corbusier. Il marque le début d’un projet sur lequel l’architecte travaillera épisodiquement jusqu’au milieu des années 40. A partir de cette réorganisation du centre de la capitale, c’est une refonte complète de l’organisation territoriale de la France qui sera publiée dans les Trois établissements humains en 1945. 

Le plan de 1925. Il semble être une transposition directe du schéma de la Ville contemporaine de trois millions d’habitants dessinée en 1922. On y retrouve les immeubles cruciformes et leur disposition régulière dans une trame orthogonale occupant une part très importante de la rive droite de la Seine. 
L’espace est fortement structuré par deux nouvelles artères de circulation percées à travers la ville, l’une sur l’axe est-ouest, l’autre sur l’axe nord-sud. Leur rôle n’est pas limité à l’organisation de Paris, comme l’ont été les percées d’Haussmann : celles-la traversent les fortifications et les banlieues, elles ont l’ambition de relier la capitale aux quatre coins du pays, aux grandes villes françaises et européennes. Le carrefour au croisement de ces deux avenues est au centre du plan, au centre de la ville, au centre de la France. 
Cette question de la centralité est au cœur du projet de Le Corbusier. 
Il s’oppose à l’idée de la construction d’une nouvelle cité administrative en périphérie (ce que sera La Défense) et propose de bâtir au pied de Montmartre, en face à l’île de la Cité le nouveau centre de commande qu’il juge nécessaire à la vitalité du pays. 

 
le plan de 1925 


Avec la version présentée en 1937, l’emprise de la cité administrative se trouve considérablement réduite, de même que le nombre d’immeubles à construire. Seuls quatre gratte-ciel (de type Y), placés le long de l’avenue est-ouest, encadrent symétriquement l’axe nord-sud. Celui-ci est dorénavant prolongé par un tunnel passant sous la Seine et l’île de la Cité. 
L’objectif de Le Corbusier est de sauver le centre historique de Paris, de lui épargner la circulation des automobiles et de dégager des espaces suffisamment vastes pour en apprécier l’architecture. Au cœur même des nouveaux aménagements, des esplanades dégagent la vue sur les principaux monuments des quartiers démolis. 

Avec ce nouveau plan directeur, l’objectif de Le Corbusier est de sauver l’histoire de l’architecture à Paris en dotant la ville d’un centre à la hauteur des enjeux de l’époque et de l’histoire de la capitale. Un ensemble architectural du XX ième siècle qui viendrait parfaire avec des proportions harmonieuses le paysage dessiné par dix siècles d’histoire. Les quatre grandes constructions doivent répondre par leurs dimensions et leur disposition tout à la fois à l’étirement en longueur de l’ensemble Louvre-Cité, à la masse de Notre-Dame émergeant des constructions moyenâgeuses, ainsi qu’aux hauteurs du Sacré-Cœur, du Panthéon et de la tour Eiffel. 

 
le plan de 1937 


Le plan de 1937 est complété par une proposition de réaménagement de l’un des îlots insalubres de la capitale, l’îlot N°6. 
Après s’être opposé aux projets de construction d’un nouveau centre en périphérie de ville, Le Corbusier propose ici une alternative à l’extension et à la construction des banlieues. Les cités périphériques et les villes nouvelles constituent pour lui une insulte au bon sens débouchant sur un effroyable gaspillage de ressources. 
Le programme de l’îlot N°6 est à la fois un modèle architectural, celui des Cités radieuses comme celle qui sera bâtie en 1946 à Marseille, et une méthode permettant de passer avec le moins de nuisance possible de l’ancienne à la nouvelle ville. 
Le principe est de ne démolir qu’une faible proportion des habitations (moins de 20%) du quartier à transformer, de sorte qu’en ne délogeant que peu d’habitants on puisse à terme reloger dans la nouvelle construction l’ensemble de la population du secteur, avant la démolition des bâtiments restant. L’espace rendu disponible est ensuite transformé en terrains de sports, espaces verts et autres services collectifs. Les immeubles sur pilotis ont les pieds dans un immense parc. Avec cette méthode, secteur après secteur, les quartiers vétustes de Paris pourraient ainsi être transformés tout en relogeant systématiquement les populations d’origine, supprimant ainsi la nécessité d’un exode vers les grands ensembles à construire en banlieue. 

 
plan de lîlot N°6 

Le Corbusier ne dessinera jamais de schéma détaillé du projet, se contentant d’une simple esquisse faisant apparaître les quartiers à préserver et le tracé des nouvelles artères traversant la capitale. S’il décrit la trame des autostrades surélevées se croisant tous les quatre cents mètres et distribuant les parkings des Cités radieuses, il n’en dessinera pas le plan. 


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