Manu Larcenet / Blast

A la lecture du premier tome de Blast en 2009, le choc avait été de taille. Manu Larcenet récidive avec la suite de ce qu’on peut désormais considérer comme son chef d’oeuvre – qui devrait compter cinq volumes.

Dans cette série, l’auteur (avec Jean-Yves Ferri) du Retour à la terre et du Combat ordinaire adopte un ton radicalement différent de celui de ses précédentes créations. Majoritairement réalisée en noir et blanc, son histoire met en scène Polza Mancini, 38 ans et 150 kilos, un écrivain devenu sans domicile fixe, cuisiné par la police pour avoir tué une jeune femme.

Avec beaucoup d’intelligence et de sensibilité, Larcenet retrace unparcours tortueux et heurté, par le biais d’un récit à la première personne. Subtilement, Polza déroule son errance, et surtout sa recherche du « blast » (une sensation fulgurante de bonheur, formalisée sur les planches via une explosion de couleurs).

Dans cet épisode – de plus de 200 pages -, cet anti-héros attachant et troublant évoque notamment son squat de différentes maisons, et sa cohabitation avec Jacky, qui se révèlera être absolument terrifiant. Impossible de lâcher ce roman graphique bluffant et haletant, tout en tension, qui confirme le talent de son auteur pour croquer des trognes évocatrices et jouer du noir et blanc.