Dutch Eyes Gerard Fieret Boundless Shoreless Unlimited Photo
Qui est Gérard Pétrus Fieret ? A l’age de 2 ans son père meurt, sa mère tombe malade, il passera son enfance en orphelinat. A 14 ans il entre à l’Académie Royale des arts de La Haye où il suit des cours de dessin et de peinture. Il devient professeur de dessin dans cette même Académie des arts. En 1954 il publie pour la première fois ses poèmes. Son activité de photographe est importante dans les années 60, ses photos sont exposées dans les musées des Pays Bas dans les années 70. Dans les années 80, il se met à oblitérer et signer ses images, pris par un besoin obsessionnel d’authentifier ses œuvres. Puis dans les années 90 il se passionne pour les pigeons et mène une existence de clochard. En 1992 il reçoit le prix municipal des arts visuels, le prix Ouborg, (du nom de l’artiste Pieter Ouborg 1893- 1956 de La Haye). Il habite actuellement une maison que des amis l’ont aidé à trouver et où il peut cohabiter avec des pigeons...
L’univers de Fieret n’est pas celui d’un grand voyageur, il utilise comme matière à photographier les gens qu’il a sous la main. Il réalisera des milliers de clichés entre les années 1960 et 1980 en restant dans sa ville natale. Ses photos sont en noir et blanc, son matériel photographique n’est pas forcément celui des grands noms de la photo, il utilisera notamment dès 1959 un Praktiflex puis un Zenit E avec une focale qui correspond à l’œil humain. Dans sa maison, c’est le désordre qui règne, les négatifs ne sont pas conservés dans les conditions idéales, on verra ainsi des photos dont le négatif a été profondément rayé. Il photographie les gens qui passent chez lui, des scènes de rue, des gens sur des quais de gare, la sortie des magasins, des enfants, des femmes, surtout des femmes, des amies, des prostituées. L’homme qui revient sans cesse dans son travail c’est lui, déguisé dans divers accoutrements. Il réalisera ainsi beaucoup d’autoportraits comme s’il avait une interrogation permanente sur lui. Cette introspection récurrente semble indispensable à son cheminement artistique, il s’observe. Il est aussi voyeur et aime voir l’intimité des femmes qui passent dans sa chambre et se dénudent devant son objectif en prenant des poses suggestives. Les décors pour réaliser ses nus sont des plus ordinaires, la mise en scène des lieux ne l’intéresse pas, c’est le corps, l’âme mis à nu qui prend le pas sur le fond de l’image. En entrant dans son univers on devient à notre tour voyeur, voyeur des corps, voyeur de son désordre.
Fieret est inclassable, il est avant tout sympathique par sa spontanéité et par son coté poète qui se moque des conventions, de la technique. Il effectuait lui même ses tirages qui manquent parfois de contrastes et qui pour certains résistent mal à l’épreuve du temps, réalisant ainsi des images empreintes d’une authenticité évidente. Un état paranoïaque l’a conduit à apposer son timbre copyright et à signer abondamment ses photos de peur d’être imité. Les tampons sont parfois multiples sur l’image et placés un peu n’importe comment. Cette étape de sa carrière révèlent la fragilité d’un homme qui s’est cherché dans le regard des autres et dans son propre regard, caché derrière son objectif à saisir des instants de vie.
En vieillissant il ne semble plus s’intéresser aux hommes ni aux contingences de la vie quotidienne. Dans un élan de folie ou de poésie, il se met à s’occuper des pigeons, comme si cette mission était devenue le passage obligé d’un parcours initiatique, connu de lui seul. Il fait des tournées en vélo en accrochant à son guidon deux grands seaux de graines qui lui servent à alimenter ses amis volatiles. Il réalise ainsi un circuit quotidien dans La Haye qui comprend près de 30 arrêts. Un livre de 160 pages a été publié à l’occasion de cette exposition. Il présente 155 photos et s’intitule « Gerard P. Fieret 80 jaar », il est vendu sur place 25 euros et est publié par Voetnoot, Antwerp. Cet ouvrage semble introuvable en France, il est imprimé sur une sorte de papier journal épais et jauni. Au premier contact on a l’impression qu’il a séjourné des années dans un grenier, on remarque que les vêtements portés par les personnes photographiées ne datent pas d’hier. Il nous montre une petite partie de ce qu’a vu et capté à travers son objectif Gérard Fieret témoin de cette époque et de sa propre existence.
Ses travaux ont été largement ignorés du monde de l’art. Depuis cette année comme par miracle, ses photos se vendent aux enchères à New York et à Amsterdam. La revue internationale de photo Eyemazing lui a rendu un hommage au début de l’année 2004, ce qui explique peut être cet engouement.
Les photos présentées ici ont été trouvées sur divers sites, certaines prises sur place lors de cette exposition mais il y a des reflets ....
Le photomuseum de La Haye http://www.fotomuseumdenhaag.nl
La galerie newyokaise qui vend les photos de Fieret http://www.gittermangallery.com
Le magazine de photo Eyemazing http://www.eyemazing.info
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